Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/168

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fatale et mortelle, si la France succombe. Car elle aura pour conséquence inévitable l’asservissement de la France et de l’Europe tout entière, sous la brutalité militairement et bureaucratiquement organisée du despotisme prussien. Il y aura de l’esclavage et de la misère en Europe pour cinquante ans au moins.

En ne considérant la guerre actuelle qu’au point de vue français, c’est pour la France évidemment |59 une question de vie et de mort. Et la mort est proche. L’invasion du despotisme prussien, armé d’une force immense, menace de tout engloutir, de tout briser, de tout asservir. Et pour sauver son existence et sa liberté, la France n’a plus ni armée, ni argent, ni État, il ne lui reste rien que le désespoir de son peuple. Depuis la conquête de la Gaule par César, et ensuite par les barbares de la Germanie, depuis sa conquête par les Anglais sous Charles VI, alors que Paris même était tombé au pouvoir de l’ennemi triomphant, jamais la France ne se trouva dans une position si désespérée, si terrible.

La France, cette grande nation, que le sentiment de sa grandeur historique réelle avait souvent poussée à de présomptueuses et criminelles folies, mais qui, malgré ces écarts passagers et ces abus malheureux d’une puissance infatuée d’elle-même, a été considérée néanmoins jusqu’ici parle monde, et avec pleine justice, comme le chef naturel et comme l’initiateur généreux de tous les progrès humains,