Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/175

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savent fort bien. Voilà ce qu’ils redoutent mille fois plus que tous ces armements sur le papier, ordonnés par un gouvernement illusoire, et qui, n’ayant aucun des moyens qui constituent la puissance réelle des États, s’amuse à simuler le pouvoir et à faire de la politique et du despotisme d’État. Aussi, à la première nouvelle du mouvement révolutionnaire qui s’annonce dans le Midi de la France, tous ces hommes de proie qui sont accourus de l’Allemagne, attirés par l’amour du pillage et par la gloire d’une conquête qui leur avait paru d’abord si facile, ont tressailli. L’apparition du spectre rouge levant sa tête menaçante et brandissant sa torche incendiaire leur a fait peur. Ils ont reconnu l’ennemi contre lequel toute leur supériorité militaire sera impuissante, parce que lui seul aura la puissance de faire surgir du sol de la France des armées invincibles, et parce qu’en même temps qu’il les attaquera en face, il les accablera par derrière en soulevant contre eux les masses révolutionnaires de l’Allemagne. Bismarck et son roi savent mieux qu’on ne paraît le savoir en France, et, dans tous les cas, beaucoup mieux que ne le savent les avocats du gouvernement de la Défense nationale, que toute révolution nationale et surtout que la révolution de la France deviendra nécessairement et immédiatement une révolution internationale.

« Si on les laisse faire », s’écrie dans un |65 accès de comique désespoir ce petit grand-duc de Bade qui considère déjà l’Alsace comme sa proie, — « Si