Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/179

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s’emparer de Rome, par exemple, et comme la soi-disant révolution politique de l’Espagne ; ou bien l’asservissement de la France sous le joug des Prussiens.

Si les membres du gouvernement de la Défense nationale avaient eu l’esprit assez sérieux pour concevoir cette situation, et le cœur assez désintéressé, assez haut, assez ferme pour accepter cet unique moyen de salut qui lui reste, ils auraient compris tout d’abord que leur droit et leur devoir vis-à-vis des puissances étrangères, et surtout vis-à-vis de l’insolent envahisseur de la France, étaient absolus. Ils auraient élevé bien haut ce drapeau de la France qu’ils ont osé prendre en leurs mains, et, s’inspirant de tout le mépris que doivent ressentir les représentants de la justice et du droit populaire pour les chefs et les instruments de la réaction, aux brutalités monarchiques du roi Guillaume et de son ministre ils auraient répondu, comme Danton en 1792, par les salutaires terreurs de la révolution.

|69 Mais en même temps qu’ils eussent maintenu avec cette fermeté leur droit indiscutable de représenter la France au dehors, et qu’ils eussent montré cette irréconciliable fierté aux Prussiens, aussi longtemps qu’un seul de leurs soldats souillerait le sol de la France, ils auraient eu la conscience de reconnaître vis-à-vis du peuple français qu’à côté de son droit leur droit était nul, et qu’ils n’avaient ni la mission, ni le pouvoir de gouverner le pays, ni aucun des moyens nécessaires pour organiser sa