Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/196

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peuple souverain que pour se poser aussitôt, par le fait même de leur irresponsabilité et de leur irrévocabilité, comme ses maîtres.

Il ne pouvait donc y avoir rien de commun entre M. Rochefort et tous les autres républicains du Corps législatif. Excepté M. Raspail, qui ne l’abandonna jamais, tous le considérèrent et le traitèrent comme un ennemi, et nul ne fut aussi heureux que M. Gambetta, je pense, le jour où, abandonné lâchement par toute la gauche et livré aux vengeances de la justice impériale, il fut mis en prison. M. Rochefort, moins par son talent que par sa position franchement populaire, les éclipsait et les annihilait tous.

Depuis son incarcération jusqu’à sa délivrance par le peuple, on n’entendit naturellement plus parler de lui. Et depuis son installation au pouvoir par la volonté directe du peuple, il n’a dit ni fait rien qui puisse faire supposer qu’il ait trouvé en lui-même une pensée et une volonté. On dit qu’il s’occupe maintenant, avec son ami M. Flourens, à construire des barricades d’un genre nouveau. C’est très méritoire de la part de M. Flourens, qui, n’ayant point d’autre mission à remplir, fait son devoir en se donnant tout entier à la défense de Paris. Mais c’est trop peu pour |84 un membre du gouvernement de la Défense nationale, élu directement par le peuple avec le mandat impératif de sauver le pays. Il faut donc en conclure que l’importance extraordinaire qui s’est attachée, pendant quelque