Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/203

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coup plus grand nombre qu’ailleurs de travailleurs capables et qui ne demandent pas |89 mieux que de gagner leur pain par le travail, et qui meurent littéralement de faim, faute de travail ; qu’à Londres seulement, il y a plus de cent mille êtres humains qui ne savent pas aujourd’hui de quoi et comment ils vont vivre demain ; que dans une foule d’industries, et dans les campagnes surtout, le travail est si exorbitant, et si mal rétribué en même temps, que la plus grande partie des travailleurs, mal nourris et dénués de tous les moyens de vivre humainement, s’épuisent en peu d’années, meurent dans une proportion effrayante, ou deviennent, bien avant l’âge voulu, des invalides incapables de gagner leur vie par le travail ; qu’enfin, dans les industries les mieux rétribuées, les crises commerciales, devenant de plus en plus fréquentes, et se manifestant aujourd’hui non plus comme des catastrophes imprévues, causées par quelque événement extérieur, mais comme un mal chronique, inhérent au système économique qui règne dans la production actuelle, condamnent souvent des dizaines, que dis-je, des centaines de milliers de travailleurs à la plus terrible des morts, la mort par la faim. En France, en Belgique, en Allemagne, dans les États-Unis d’Amérique même, ce pays idéal et classique de la liberté politique, partout où il y a développement plus rapide de l’industrie et du commerce, les mêmes faits se reproduisent avec une persistance et une régularité désolantes. De sorte qu’il faut avoir toute la mauvaise