Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/217

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grâce de la République, préfet dans un des départements les plus importants et les plus républicains de la France. À un ancien camarade et ami, resté en dehors de toute officialité, et qui lui exprimait son étonnement de le voir si vite changer d’opinion, il a répondu : « Si tu étais à ma place, mon ami, tu ferais de même. Je n’ai point changé d’opinion, je veux toujours la même chose, mais, quand on est placé dans une position officielle, on est bien forcé d’agir autrement. »

M. John Bright et ce nouveau préfet de la République ont tous deux mille fois raison. La position de tout pouvoir politique est telle, qu’il ne peut faire autre chose que commander, limiter, amoindrir, et à la fin annuler la liberté populaire, sous peine de se suicider. Et c’est parce que nous reconnaissons cette profonde vérité, confirmée par la théorie aussi bien que prouvée par l’expérience de tous les temps et de tous les pays, que nous, socialistes révolutionnaires, nous ne croyons pas qu’il suffise de mettre au pouvoir des hommes nouveaux, ces hommes fussent-ils les plus sincères démocrates, ou même des ouvriers. Nous demandons l’abolition même du pouvoir.

Il ne se passera pas beaucoup de temps, et le peuple la demandera plus énergiquement, et nécessairement avec plus de puissance, que nous. Maintenant il hésite encore. Il se défie profondément de tout ce qui représente le pouvoir, mais il est tellement habitué à se laisser commander, et si peu habi-