Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/228

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l’égalisation de la situation économique de tout le monde.

Il est clair que la conciliation entre ces deux tendances diamétralement opposées est impossible. Il faut donc, sous peine de se condamner à un idéalisme éternellement impuissant, et aussi ridicule qu’impuissant, se décider à prendre l’un de ces deux partis : ou bien embrasser franchement les intérêts de la |109 bourgeoisie, et alors on devient nécessairement l’ennemi du peuple, ou bien se déclarer pour les intérêts du prolétariat, et devenir par là même un socialiste révolutionnaire. Quel est le parti auquel M. Gambetta a cru devoir se décider ? Ce n’est certainement pas le dernier. Donc c’est le premier. M. Gambetta et tous ses amis, républicains et démocrates comme lui, sont incontestablement les avocats de la bourgeoisie contre le peuple.

En prenant ce parti par tempérament et par goût aussi bien que par une nécessité inhérente à leurs positions personnelles, ont-ils au moins évité la chose que tous les hommes politiques ont si profondément en horreur, et qui, plus que toute autre chose, leur fait honte, l’impuissance ? Pas du tout. Ils se trouvent dans une situation excessivement singulière, et mélancolique aussi. Ils ne peuvent pas s’appuyer sur le peuple, puisqu’ils sont contraires à ses intérêts, et ils le sentent bien. Ils savent que si, profitant d’un concours de circonstances extraordinaires, ils parviennent même quelquefois à entraîner, en les trompant, les sympathies popu-