Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/229

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laires, jamais ils ne pourront les fixer. On peut bien tromper et endormir le peuple, mais pas longtemps ; car le peuple est pressé par des besoins trop réels, trop puissants, pour pouvoir se nourrir longtemps d’illusions. Il finit toujours par se réveiller, et ses réveils sont terribles.

Donc ils doivent s’appuyer principalement, et je dirai exclusivement, sur la classe bourgeoise. Mais la bourgeoisie, elle aussi, n’en veut pas. Pourquoi s’appellent-ils des républicains ? Elle n’a pas foi dans leur république, et elle n’est point du tout disposée à sacrifier ses intérêts les plus chers, sa bourse, ses écus, à leur idéal politique. Ils ont beau lui promettre la tranquillité et l’ordre public, les « bonnes affaires » : elle n’en croit rien. Elle sait que leur action sur le peuple est nulle, elle sait qu’ils n’ont d’autre puissance que celle qu’elle voudra bien leur donner ; et elle pense, non sans raison, que Henry V, les Orléans, même l’infâme Bonaparte, même ces maudits Prussiens, les garantiront mieux que ces démocrates ne pourraient le faire contre les révoltes du prolétariat. D’où il résulte que la bourgeoisie n’est |110 nullement disposée à se laisser entraîner par eux dans de nouvelles expériences politiques, et qu’elle ne veut leur prêter ni sa puissance, ni son appui.

Mais alors sur quoi s’appuient-ils ? Sur rien. Ils sont pris entre deux mondes qui se disputent la puissance et la vie. L’un, représentant l’exploitation inique du travail populaire au profit, d’une minorité