Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/368

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

abus révoltant de la confiance et de l’autorité qu’on avait malheureusement trop longtemps accordées au défunt Conseil général ? Ce fut en réalité, non un Congrès de l’Internationale, mais celui du Conseil général, dont les membres marxiens et blanquistes, formant à peu près le tiers du nombre total des délégués et traînant à leur suite, d’un côté, le bataillon bien discipliné des Allemands, et, de l’autre, quelques Français fourvoyés, étaient arrivés à la Haye non pour y discuter les conditions sérieuses de l’émancipation du prolétariat, mais pour établir leur domination dans l’Internationale.

M. Marx, plus habile et plus fin que ses alliés blanquistes, les a joués, comme auparavant M. de Bismarck avait joué les diplomates de l’empire et de la République française. Les blanquistes s’étaient évidemment rendus au Congrès de la Haye avec l’espoir, sans doute entretenu dans leur esprit par M. Marx lui-même, de pouvoir s’assurer de la direction du mouvement socialiste en France au moyen du Conseil général, dont ils se promettaient bien de rester les membres très influents. M. Marx n’aime point à partager le pouvoir, mais il est plus que probable qu’il avait fait des promesses positives à ses collègues français, sans le concours desquels il n’aurait point eu la majorité au Congrès de la Haye. Mais après s’être servi d’eux, il les a poliment éconduits, et, conformément à un plan arrêté d’avance entre lui et ses véritables intimes, les Allemands de l’Amérique et de l’Allemagne, il a relégué le Con-