Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/432

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a servi de quelque chose même aux masses. Aujourd’hui elles commencent partout à comprendre qu’aucun despotisme n’a et ne peut avoir ni la volonté ni le pouvoir de la leur donner. Le programme de l’Internationale est très heureusement explicite sous ce rapport : L’émancipation des travailleurs ne peut être que l’œuvre des travailleurs eux-mêmes.

N’est-il pas étonnant que M. Marx ait cru pouvoir enter sur cette déclaration pourtant si précise, si claire, et qu’il a probablement rédigée lui-même, son socialisme scientifique, c’est-à-dire l’organisation et le gouvernement de la société nouvelle par les socialistes savants, — le pire de tous les gouvernements despotiques !

|16 Grâce à cette chère grande canaille populaire qui s’opposera d’elle-même, poussée par un instinct aussi invincible que juste, atomes les velléités gouvernementales de la petite minorité ouvrière déjà disciplinée et classée comme il faut pour devenir le suppôt d’un despotisme nouveau, le socialisme savant de M. Marx restera toujours à l’état de rêve marxien. Cette nouvelle expérience, plus triste peut-être que toutes les expériences passées, sera épargnée à la société, parce que le prolétariat en général et dans tous les pays est animé aujourd’hui d’une défiance profonde contre ce qui est politique et contre tous les politiciens du monde, quelle que soit leur couleur, tous l’ayant également trompé, opprimé, exploité, les républicains les plus rouges aussi bien que les monarchistes les plus absolus.