Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/450

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de production, dans les moments et dans les localités où de pareilles créations seraient possibles ?

Une telle abstraction, hâtons-nous de le dire, est absolument impossible. Cette préoccupation exclusive des intérêts seulement économiques, ce serait pour le prolétariat la mort. Sans doute que la défense et l’organisation de ces intérêts — question de vie ou de mort pour lui — doivent constituer la base de toute son action actuelle. Mais il lui est impossible de s’arrêter là sans renoncer à l’humanité, et sans se priver même de la force intellectuelle et morale nécessaire à la conquête |27 de ses droits économiques. Sans doute que dans l’état misérable auquel il se voit réduit maintenant, la première question qui se présente à lui, c’est celle de son pain quotidien, du pain de la famille ; mais, plus que toutes les classes privilégiées aujourd’hui, il est un être humain dans toute la plénitude de ce mot, et comme tel il a soif de dignité, de justice, d’égalité, de liberté, d’humanité et de science, et il entend bien conquérir tout cela en même temps que la pleine jouissance du produit intégral de son propre travail. Donc, si les questions politiques et philosophiques n’avaient même point été posées dans l’Internationale, c’est le prolétariat qui infailliblement les poserait.

Mais alors comment résoudre cette apparente contradiction : d’un côté, les questions philosophiques et politiques doivent être exclues du programme de l’Internationale, et de l’autre elles doivent y être nécessairement discutées ?