Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/461

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entendons parler bientôt d’une réconciliation, d’une entente, d’une alliance entre l’agitation mazzinienne et l’intrigue marxienne en Italie. Si elle ne se réalise pas, ce sera la faute des mazziniens, non celle de M. Marx. Je prétends que pour peu que le parti marxien, celui de la démocratie soi-disant socialiste, continue de marcher dans la voie des revendications politiques, il se verra forcé de condamner tôt ou tard celle de la revendication économique, la voie des grèves, tellement ces deux voies sont en réalité incompatibles.

Nous avons eu un exemple frappant de cette incompatibilité en 1870, à Genève, où, une grande grève des ouvriers en bâtiment ayant éclaté avant la guerre, les internationaux-citoyens de la « fabrique »[1], après avoir soutenu et même encouragé cette grève pendant quelque temps par ostentation, la firent cesser tout d’un coup et presque par force, au détriment de ces malheureux ouvriers, aussitôt que les

  1. On appelle à Genève « ouvriers de la fabrique » ceux qui sont occupés à la fabrication de l’horlogerie, de la bijouterie et des pièces à musique ; non pas qu’ils travaillent dans une fabrique, mais parce que, dans le langage genevois, l’ensemble de l’industrie horlogère (qui est l’industrie « nationale »), patrons et ouvriers, s’appelle en un seul mot la « fabrique ». Ces ouvriers sont presque tous citoyens genevois ; leurs salaires sont plus élevés que ceux des ouvriers du bâtiment ; ils ont plus d’instruction que ceux-ci ; ils exercent des droits politiques, — tandis que les ouvriers du bâtiment sont en majorité des étrangers, — et ils sont en conséquence traités avec beaucoup de ménagements par les chefs de parti bourgeois. En 1869, lors du séjour de Bakounine à Genève, les ouvriers de la « fabrique » étaient en général marxistes, tandis que les ouvriers du bâtiment étaient bakounistes. — J. G.