Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/465

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électoraux sont considérablement élargis, mais alors même qu’ils étaient exclusivement concentrés entre les mains d’une minorité hautement privilégiée, les agitations des masses, les meetings populaires immenses que les Anglais savent si bien organiser, pesaient d’un poids très considérable sur la direction politique et sur les résolutions du Parlement anglais.

On a voulu faire honneur de ce fait à la perspicacité prudente et à la haute sagesse politique de l’aristocratie et de la riche bourgeoisie. Je ne prétends pas leur contester cette sagesse, mais je pense qu’il faut chercher la principale raison de ce fait dans le tempérament historique et dans les habitudes sociales du peuple anglais, qui, depuis bien longtemps, s’est accoutumé à faire respecter sa liberté et à exercer cette pression politique de son opinion et de ses aspirations sur les actes des représentants légaux de son pays. En un mot, le peuple anglais n’a pas besoin de conquérir ni sa liberté, ni sa puissance politique, il les possède déjà dans le fait, dans ses mœurs. Ce qui lui manque encore et ce qu’il ne manquera pas de conquérir bientôt, c’est la conformité complète de ses institutions et de ses lois avec le fait depuis longtemps accompli. Ce que je dis du peuple anglais se rapporte naturellement encore plus au peuple des États-Unis d Amérique, où la liberté et où l’action politique directement exercée par les masses ont atteint le plus haut degré de développement connu jusqu’ici dans l’histoire.