Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/471

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de la civilisation de l’État. Écrasées, avilies, elles ont contracté l’habitude fatale d’une obéissance et d’une résignation moutonnières, et se sont en conséquence transformées en immenses troupeaux artificiellement divisés et parqués, pour la plus grande commodité de leurs exploiteurs de toute sorte.

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Je sais fort bien que les sociologistes de l’école de M. Marx, tels que M. Engels vivant, tels que feu |40 Lassalle, par exemple, m’objecteront que l’État ne fut point la cause de cette misère, de cette dégradation et de cette servitude des masses ; que la situation misérable des masses, aussi bien que la puissance despotique de l’État, furent au contraire, l’une et l’autre, les effets d’une cause plus générale, les produits d’une phase inévitable dans le développement économique de la société, d’une phase qui, au point de vue de l’histoire, constitue un véritable progrès, un pas immense vers ce qu’ils appellent, eux, la révolution sociale. C’est au point que Lassalle n’a pas hésité à proclamer bien haut que la défaite de la révolte formidable des paysans de l’Allemagne au seizième siècle, — défaite déplorable, s’il en fut, et de laquelle date l’esclavage séculaire des Allemands, — et le triomphe de l’État despotique et centralisé qui en fut la conséquence nécessaire, constituèrent un véritable triomphe pour cette révolution ; parce que les paysans, disent les marxiens,