Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/510

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réclame l’honneur fort équivoque d’avoir donné naissance à la diplomatie. Partagée en une foule de petites républiques, au moyen âge, toutes indépendantes et rivales les unes des autres ; menacée par les invasions périodiques des Allemands, des Français, des Espagnols, et par la trahison permanente des papes, c’est l’Italie |65 qui a crée, développé et cultivé dans son sein cet art infernal de la diplomatie, si bien décrit par Machiavel, et qui, après avoir formé et illustré les grands coquins historiques que furent les Médicis et les Borgia, a fini par démoraliser et par désorganiser si complètement cette noble nation qu’elle devint à la longue incapable de résister à la double tyrannie des empereurs et des papes.

Les mêmes raisons qui l’avaient fait naître en Italie devaient la faire prospérer en Allemagne, où chaque petite cour formait un foyer permanent de cabales ou d’intrigues, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. À l’intérieur, c’était la grande affaire de la faveur du prince, qu’une foule de nobles valets se disputaient avec un acharnement féroce, déployant dans cette lutte toute la canaillerie dont la bassesse, la perfidie, l’avidité et la vanité des courtisans et des courtisanes sont capables. Plus une cour était petite, et plus cette cabale incessante, qui en constituait en quelque sorte l’atmosphère, se manifestait cynique, ridicule, atroce, dégoûtante. Marier le prince, lui donner une maîtresse, la remplacer par une autre, chasser un favori pour en élever un nouveau, voilà