Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/511

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les grandes affaires qui absorbaient l’intelligence de la jeunesse nobiliaire de l’Allemagne. Cette cabale intérieure servait en quelque sorte d’école où se formaient les hommes d’État, les diplomates. Une fois formés, ils se lançaient sur le théâtre public de la diplomatie extérieure, qui devint en quelque sorte la science ou plutôt l’art privilégié de la gent nobiliaire en Allemagne, aussi bien que dans tous les autres pays.

On sait ce que c’est que la diplomatie : c’est l’art et la science de la coquinerie légitimée par le service de l’État. On a dit avec beaucoup de raison que si, dans quelque intérêt que ce fût, un individu voulait se permettre la dixième partie des actes que les diplomates les plus renommés de l’Europe accomplissent sous nos yeux, on le traduirait en justice et on le condamnerait au bagne, à moins qu’il ne fût assez riche et puissant pour éviter l’un et l’autre. Machiavel, le fondateur de la science politique, en tant que science |66 historique et positive, l’a fort bien démontré : l’État, tout État, monarchique ou républicain, c’est la même chose, — l’État n’existant que par la violence et n’étant rien lui-même qu’une violence systématique ou continue, franche ou masquée, mais toujours imposée aux masses par une minorité dominante ou gouvernement quelconque, — l’État ne peut se maintenir que par une violation également continue et systématique du droit humain, de la morale humaine ; ce qui revient à dire qu’il ne peut exister que par le crime. Mais une fois que