Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/523

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traire rester le sujet de ses princes, non parce qu’ils étaient de bons princes, — tout le monde sait combien ils ont été et sont restés ridicules et horribles, — mais parce qu’il avait l’habitude profondément nationale de leur joug. Si le Dr Jacoby ajoute que le peuple allemand voulait en même temps poser des conditions et des bornes à leur pouvoir absolu, il ne faut pas trop prendre ces paroles au sérieux. Dans un autre discours prononcé beaucoup plus tard (le 30 janvier 1868, devant une assemblée d’électeurs à Berlin), il dit lui-même : « Nous parlons de mouvements populaires, du réveil de la conscience politique dans le peuple, des manifestations, résolutions et réclamations populaires ; mais nous devons pourtant nous avouer à nous-mêmes que ce n’est qu’une bien minime fraction du peuple (sans doute la bourgeoisie radicale, qui proprement reste en dehors du peuple) qui prend part à nos luttes pour la liberté[1]. »

Dans son second discours, prononcé à Königsberg en 1858, c’est-à-dire dix ans après la révolution de 1840, — après dix ans de la réaction la plus terrible qui ait jamais sévi en Allemagne, et qui eût été capable de fatiguer la patience et la foi de tout autre peuple, — le vénérable patriote constate plus explicitement que jamais la profondeur des racines que le sentiment monarchique, c’est-à-dire celui de l’esclavage volontaire, a poussées dans la con-

  1. IBID, S. 326. — (Note de Bakounine.)