Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/115

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stant que par l’inégalité. Pour la bourgeoisie, comme classe séparée, l’égalité, c’est la mort ; pour le prolétariat, la moindre inégalité, c’est l’esclavage. Le prolétariat est fatigué d’être esclave, et la bourgeoisie naturellement ne veut point mourir. Donc c’est une guerre irréconciliable, et il faut être un fou ou un traître, vraiment, pour recommander et prêcher aux classes ouvrières la conciliation. Que M. Coullery se le tienne pour dit.

L’Association internationale, en entreprenant cette guerre formidable contre la bourgeoisie, ne s’est point fait illusion sur les immenses difficultés qui l’attendent. Elle n’ignore pas les forces de son adversaire, ni les efforts gigantesques qu’il lui faudra faire pour en triompher. Elle sait que toutes les armes défensives et offensives : le capital, le crédit, toutes les puissances organisées, militaire, bureaucratique et diplomatique, de ces immenses centralisations oppressives qui s’appellent les États, tous les empoisonnements religieux et toutes les applications de la science, que tout cela est du côté de nos ennemis, et que nous n’avons à opposer à tout cela que la justice, l’instinct désormais réveillé des masses populaires, et le nombre immense du prolétariat. Eh bien, elle n’a point désespéré, elle ne désespère pas du triomphe.

Elle a compris que, la corruption et la dissolution politique et morale du camp ennemi aidant, on pourrait, en unissant et en organisant d’une manière bien réelle et solide ces millions de prolétaires qui