Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/121

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amour pour la liberté vraie, c’est-à-dire universelle et complète et égale pour tous, est sincère ; si elle veut, en un mot, cesser d’être la réaction, il ne lui reste plus qu’un seul rôle à remplir : c’est celui de mourir avec grâce et le plus tôt possible.

Entendons-nous bien. Il ne s’agit pas de la mort des individus qui la composent, mais de sa mort comme corps politique et social, économiquement séparé de la classe ouvrière.

Quelle est aujourd’hui la sincère expression, le sens unique, l’unique but de la question sociale ? C’est, comme le reconnaît enfin le Comité central lui-même, le triomphe et la réalisation de l’égalité. Mais n’est-il pas évident, alors, que la bourgeoisie doit périr, puisque son existence comme corps économique séparé de la masse des travailleurs implique et produit nécessairement l’inégalité ?

On aura beau recourir à tous les artifices de langage, embrouiller les idées et les mots, et sophistiquer la science sociale au profit de l’exploitation bourgeoise, tous les esprits judicieux et qui n’ont point d’intérêt à se tromper comprennent aujourd’hui que tant qu’il y aura, pour un certain nombre d’hommes économiquement privilégiés, une manière et des moyens particuliers de vivre, qui ne sont pas ceux de la classe ouvrière ; tant qu’un nombre plus ou moins considérable d’individus hériteront, en des proportions diverses, des capitaux ou des terres, qui ne sont pas des produits de leur travail, tandis que l’immense majorité des travail-