Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/196

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ment au secours du ciel. Le socialisme prend dans son esprit la place de la religion.

Il en sera de même de sa politique réactionnaire. Elle perdra son soutien principal à mesure que la conscience de l’ouvrier se verra délivrée de l’oppression religieuse. D’un autre côté, la lutte économique, en se développant et en s’étendant toujours davantage, lui fera connaître de plus en plus, d’une manière pratique et par une expérience collective, qui est nécessairement toujours plus instructive et plus large que chaque expérience isolée, ses ennemis véritables, qui sont les classes privilégiées, à savoir le clergé, la bourgeoisie, la noblesse, et l’État ; ce dernier n’étant là que pour sauvegarder tous les privilèges de ces classes, et prenant nécessairement toujours leur parti contre le prolétariat.

L’ouvrier, ainsi engagé dans la lutte, finira forcément par comprendre l’antagonisme irréconciliable qui existe entre ces suppôts de la réaction et ses intérêts humains les plus chers, et, arrivé à ce point, il ne manquera pas de se reconnaître et de se poser carrément comme un socialiste révolutionnaire.

Il n’en est pas ainsi des bourgeois. Tous leurs intérêts sont contraires à la transformation économique de la société ; et si leurs idées y sont contraires aussi, si ces idées sont réactionnaires, ou, comme on les nomme poliment aujourd’hui, modérées ; si leur intelligence et leur cœur repoussent ce grand acte de justice et d’émancipation que nous appelons la révolution sociale ; s’ils ont