Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/213

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Faut-il montrer comment le droit d’héritage engendre tous les privilèges économiques, politiques et sociaux ? Il est évident que la différence des classes ne se maintient que par lui ! Par le droit d’héritage, les différences naturelles aussi bien que les différences passagères de fortune ou de bonheur qui peuvent exister entre les individus et qui devraient disparaître à mesure que les individus disparaissent eux-mêmes, s’éternisent, se pétrifient pour ainsi dire, et, devenant des différences traditionnelles, créent les privilèges de naissance, fondent les classes, et deviennent une source permanente de l’exploitation des millions de travailleurs par des milliers d’hommes heureusement nés.

Tant que le droit d’héritage fonctionnera, il ne pourra y avoir d’égalité économique, sociale et politique dans le monde ; et tant que l’inégalité existera, il y aura oppression et exploitation.

Donc, en principe, au point de vue de l’émancipation intégrale du travail et des travailleurs, nous devons vouloir l’abolition du droit d’héritage.

Il est entendu que nous ne prétendons pas abolir l’hérédité physiologique ou la transmission naturelle des facultés corporelles et intellectuelles, ou, pour nous exprimer avec plus d’exactitude, des facultés musculaires et nerveuses des parents à leurs enfants. Souvent cette transmission est un fait malheureux, parce qu’elle fait passer les maladies physiques et morales des générations passées aux générations présentes ; mais les effets funestes de