Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/219

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Pour qu’il continue de vouloir et d’agir après sa mort, il faut donc une fiction juridique ou un mensonge politique, et, comme il est désormais incapable d’agir par lui-même, il faut qu’une puissance quelconque, l’État, se charge d’agir en son nom et pour lui, il faut que l’État exécute les volontés d’un homme qui, n’étant plus, ne peut avoir de volonté.

Et qu’est-ce que la puissance de l’État, si ce n’est la puissance de tout le monde organisée au détriment de tout le monde, et en faveur des classes privilégiées ? C’est avant tout la production et la force collective des travailleurs. Il faut donc que les classes ouvrières garantissent aux classes privilégiées la transmission des héritages, qui est la source principale de leur misère et de leur esclavage ? Il faut qu’elles forgent de leurs propres mains les fers qui les enchaînent ?

Nous concluons. Il suffit que le prolétariat déclare qu’il ne veut plus soutenir l’État qui sanctionne son esclavage, pour que le droit d’héritage, qui est exclusivement politique et juridique et par conséquent contraire au droit humain, tombe de lui-même. Il suffit d’abolir le droit d’héritage pour abolir la famille juridique et l’État.

Tous les progrès sociaux ont d’ailleurs procédé par des abolitions successives du droit d’héritage.

On a aboli d’abord le droit d’héritage divin, les privilèges ou les châtiments traditionnels qui furent longtemps considérés comme la conséquence soit de la bénédiction, soit de la malédiction divine.