Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/28

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fiée, métaphysique, juridique, politico-économique, pédantesque et doctrinaire, qu’on enseigne dans les universités ; mais la vraie science humaine, fondée sur la connaissance positive des faits naturels, historiques et sociaux, et n’acceptant d’autre inspiration que la raison, le bon sens. Savoir, c’est pouvoir. Il faut donc aux travailleurs la solidarité et la science.

Développer ces deux conditions essentielles de leur triomphe, n’est-ce pas là, cher ami, l’objet principal de l’organe que les sections romandes de la Suisse vont fonder ? Participer à cette œuvre est le devoir de chacun, et je serai fier et heureux de pouvoir y contribuer par mes faibles efforts.

Il est une question surtout qu’il me paraîtrait important de traiter aujourd’hui. Vous savez que ces pauvres bourgeois, pressés par la force inéluctable des choses et faisant de nécessité vertu, se font aujourd’hui socialistes ; c’est-à-dire qu’ils veulent falsifier le socialisme, comme ils ont falsifié tant d’autres excellentes choses à leur profit. Longtemps ils ont combattu jusqu’à ce mot « socialisme », et j’en sais quelque chose, moi qui, au sein du Comité central de la Ligue de la paix et de la liberté, ai passé un hiver, que dis-je, une année tout entière, à leur expliquer la signification de ce mot. Maintenant ils disent le comprendre. J’attribue ce miracle non à ma pauvre éloquence, mais à l’éloquence des faits qui ont parlé plus haut que moi. La grève de Genève, celle de Charleroi, en Belgique, le fiasco essuyé par