Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/302

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révolutionnaires. Puis vient une foule, d’ailleurs excessivement diminuée, et décroissant chaque jour, de jeunes gens ardents, remuants, plus ou moins belliqueux, déplacés[1], désœuvrés, cherchant à se faire une carrière ou avides d’aventures, mais qui n’ont pas la moindre idée dans la tête. Telle a été presque toujours, telle est plus que jamais aujourd’hui la composition du parti garibaldien.

Depuis que le général Garibaldi, entraîné par les conseils de l’illustre Manin[2] et du marquis Pallavicini-Trivulzio, s’est séparé de Mazzini pour |35 vouer son épée au service de la monarchie italienne, représentée par Victor-Emmanuel, il n’y a eu dans son parti que deux seules idées, deux passions. La première, c’est l’achèvement de l’unité italienne par la conquête de Venise et de Rome ; la seconde, c’est la haine de la papauté.

Dans la première, il s’est souvent rencontré en même temps avec le gouvernement italien et Mazzini ; et il n’y a point de doute que la coopération sournoise et secrète, en partie même perfide, mais néanmoins très réelle, du comte Cavour, et l’action sincèrement énergique et ouverte du parti mazzinien, n’aient beaucoup contribué au succès de son admirable campagne de Sicile et de Naples.

Le roi Victor-Emmanuel en a seul profité. Pardon,

  1. Ce mot est-il un lapsus pour « déclassés », ou signifie-t-il « sans place » ? Nous n’osons pas trancher la question.
  2. Manin est mort en 1857.