Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/315

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que ce serait une vaine perte de temps que de s’en occuper.

Avant la Réformation, l’Église et les prêtres, le pape en tête, étaient les vrais seigneurs de la terre. D’après la doctrine de l’Église, les autorités temporelles de tous les pays, les monarques les plus puissants, les empereurs et les rois n’avaient de droits qu’autant que ces droits avaient été reconnus et consacrés par l’Église. On sait que les deux derniers siècles du moyen âge furent occupés par la lutte de plus en plus passionnée et triomphante des souverains couronnés contre le pape, des États contre l’Église. La Réformation mit un terme à cette lutte, en |3 proclamant l’indépendance des États. Le droit du souverain fut reconnu comme procédant immédiatement de Dieu, sans l’intervention du pape, et naturellement, grâce à cette provenance toute céleste, il fut déclaré absolu. C’est ainsi que sur les ruines du despotisme de l’Église fut élevé l’édifice du despotisme monarchique. L’Église, après avoir été le maître, devint la servante de l’État, un instrument du gouvernement entre les mains du monarque.

Elle prit cette attitude non seulement dans les pays protestants où, sans en excepter l’Angleterre et notamment par l’Église anglicane, le monarque fut déclaré le chef de l’Église, mais encore dans tous les pays catholiques, sans en excepter même l’Espagne. La puissance de l’Église romaine, brisée par les coups terribles que lui avait portés la