Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/33

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Leurs bras ? C’est presque ridicule d’en parler. Entre la force imposante et si bien organisée des armées permanentes qui défendent le passé, et la force bien plus formidable encore des travailleurs qui s’organisent partout en Europe pour faire triompher l’avenir, la force musculaire de cette petite phalange de bourgeois socialistes est égale à zéro. Leur bourse ? On peut en mesurer la puissance par la misère chronique de leurs ligues et de leurs journaux. La bourgeoisie riche, les heureux spéculateurs de la Bourse, de l’industrie, du commerce, de la Banque, qui ont à leur disposition les millions, peuvent bien se permettre, par mauvaise habitude, quelquefois des boutades contre des gouvernements et un ordre de choses qui font si bien leurs affaires ; mais qu’il arrive un moment de crise, et nous les verrons tous, soyons-en bien sûrs, du côté de la réaction contre la Révolution, comme aujourd’hui en Espagne. La moyenne bourgeoisie les suivra, et la pauvre bourse de cette petite phalange de bourgeois socialistes ne se remplira pas. Reste donc la seule force de leurs arguments. Mais qui se laissera toucher par l’éloquence de ces arguments ?

Si messieurs les bourgeois socialistes se flattent d’arriver à convaincre les puissants et les riches, ils sont encore plus fous que nous ne l’avions pensé ; si au contraire ils espèrent exercer une influence sur les peuples, ils sont également les victimes d’une singulière illusion. Les masses populaires, représentées aujourd’hui dans la plus grande partie de