Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/336

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graisse pas. Aujourd’hui il demande la réalité. Voyons donc ce qu’il y a de réel pour lui dans l’exercice des droits politiques.

Pour remplir convenablement les fonctions, et surtout les plus hautes fonctions, de l’État, il faut posséder déjà un haut degré d’instruction. Le peuple manque absolument de cette instruction. Est-ce sa faute ? Non, c’est la faute des institutions. Le grand devoir de tous les États vraiment démocratiques, c’est de répandre à pleines mains l’instruction dans le peuple. Y a-t-il un seul État qui l’ait fait ? Ne parlons pas des États monarchiques, qui ont un intérêt évident à répandre non l’instruction, |10 mais le poison du catéchisme chrétien dans les masses. Parlons des États républicains et démocratiques comme les États-Unis de l’Amérique et la Suisse. Certainement, il faut reconnaître que ces deux États ont fait plus que tous les autres pour l’instruction populaire. Mais sont-ils parvenus au but, malgré toute leur bonne volonté ? a-t-il été possible pour eux de donner indistinctement à tous les enfants qui naissent dans leur sein une instruction égale ? Non, c’est impossible. Pour les enfants des bourgeois, l’instruction supérieure, pour ceux du peuple seulement l’instruction primaire, et, dans de rares occasions, quelque peu d’instruction secondaire. Pourquoi cette différence ? Par cette simple raison que les hommes du peuple, les travailleurs des campagnes et des villes, n’ont pas le moyen d’entretenir, c’est-à-dire de nourrir,