Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/347

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incliner devant leur puissance révolutionnaire. Ce furent les derniers héros de la classe bourgeoise, autrefois si féconde en héros.

En dehors de cette minorité héroïque, il y avait la grande masse de la bourgeoisie matériellement exploitante, et pour laquelle les idées, les grands principes de la Révolution n’étaient que des mots qui n’avaient de valeur et de sens qu’autant que les bourgeois pouvaient s’en servir pour remplir leurs poches si larges et si respectables. Une fois que les plus riches et par conséquent aussi les plus influents parmi eux eurent suffisamment rempli les leurs au bruit et au moyen de la Révolution, ils trouvèrent que la Révolution avait duré trop longtemps, qu’il était temps d’en finir et de rétablir le règne de la loi et de l’ordre public.

Ils renversèrent le Comité de salut public, tuèrent Robespierre, Saint-just et leurs amis, et établirent le Directoire, qui fut une vraie incarnation de la dépravation bourgeoise à la fin du dix-huitième siècle, le triomphe et le règne de l’or acquis et aggloméré dans les poches de quelques milliers d’individus par le vol.

Mais la France, qui n’avait pas encore eu le temps de se corrompre, et qui était encore toute palpitante des grands faits de la Révolution, ne put supporter longtemps ce régime. Il y eut deux protestations, l’une manquée, l’autre triomphante. |5 La première, si elle avait réussi, si elle avait pu réussir, aurait sauvé la France et le monde ; le triomphe de la