Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/353

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morte, sous la serre de trois aigles infâmes : celui de l’Empire |10 de Russie, (celui) de l’Empire d’Autriche, et celui du nouvel Empire d’Allemagne, représenté par la Prusse. En Pologne comme en Russie, il n’y a proprement pas de classe moyenne ; il y a d’un côté la noblesse, bureaucratie héréditaire esclave du tsar en Russie, et ci-devant dominante et aujourd’hui désorganisée et déchue en Pologne ; et, de l’autre côté, il y a le paysan asservi, dévoré, écrasé maintenant, non plus par la noblesse, qui en a perdu le pouvoir, mais par l’État, par ses fonctionnaires innombrables, par le tsar. Je ne vous parlerai pas non plus des petits pays de la Suède et du Danemark, qui ne sont devenus réellement constitutionnels que depuis 1848, et qui sont restés plus ou moins en arrière du développement général de l’Europe ; ni de l’Espagne et du Portugal, où le mouvement industriel et la politique bourgeoise ont été paralysés si longtemps par la double puissance du clergé et de l’armée. Cependant je dois observer que l’Espagne, qui nous paraissait si arriérée, nous présente aujourd’hui l’une des plus magnifiques organisations de l’Association internationale des travailleurs qui existe dans le monde.

Je m’arrêterai un instant sur l’Allemagne. L’Allemagne depuis 1830 nous a présenté et continue de nous présenter le tableau étrange d’un pays où les intérêts de la bourgeoisie prédominent, mais où la puissance politique n’appartient pas à la bourgeoisie, mais à la monarchie absolue sous un masque