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du monde entier se transforme pour nous tous en unité de pensée et de volonté, de but et d’action, — et l’heure de la délivrance et de la justice pour tous, l’heure de la revendication et de la pleine satisfaction sonnera.

(Égalité du 3 avril 1869.)
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Organisation et grève générale[1].

Ouvriers, conservez le plus grand calme. Si vos souffrances sont grandes, soyez héroïques et sachez les supporter encore ; lisez avec attention ce que le journal l’Internationale dit aux ouvriers du bassin de Charleroi[2], tout cela est bon à apprendre pour nous.

  1. Dans le numéro de l’Égalité qui contient l’article La double grève de Genève se trouvent encore deux courts articles qui complètent celui-là : l’un parle de l’organisation ouvrière, l’autre de la grève générale. Quoiqu’ils semblent avoir été écrits par Perron plutôt que par Bakounine, nous les reproduisons ici, parce que les pensées qu’ils expriment appartiennent bien à l’ordre des idées dont se composait la propagande faite par Bakounine dans l’Internationale.
  2. Il s’agit d’un article publié dans l’Internationale, de Bruxelles, du 27 mars, et que l’Égalité a reproduit dans ce même numéro. En voici les principaux passages :
    « C’est aujourd’hui, 26 mars, l’anniversaire des massacres de la fosse de l’Épine…<br / « Cet anniversaire est à la fois pour nous un deuil et un triomphe… « Jamais l’inutilité de la répression n’a été mieux démontrée. Avant la sanglante tragédie de l’Épine, jamais la question sociale n’avait été posée dans le bassin de Charleroi. Depuis, l’Association internationale des travailleurs y compte quarante-deux sections renfermant des milliers d’adhérents…
    « Aujourd’hui les ouvriers ont en main le levier qui doit renverser leurs oppresseurs : l’association ; forts de leur nombre, confiants dans leur droit, ils dédaignent les violences inutiles et se garderont bien de courir au-devant d’un nouveau massacre, dont se réjouiraient leurs oppresseurs. Ils ont appris à patienter, et ils s’organisent pour préparer l’avènement de la justice.
    « Prenez patience, ouvriers, prenez patience. Si vous le voulez, un jour viendra où les esclaves d’aujourd’hui seront les maîtres ; mais pour cela il faut que vous sachiez contenir votre colère légitime jusqu’à ce que tous les travailleurs se soient entendus pour travailler en commun à leur délivrance.
    « Quand vous vous tiendrez par la main, que pourront faire les quelques milliers d’individus qui se sont créé une belle existence au prix des larmes et du sang du peuple ?
    « Ne vous laissez pas décourager par ceux qui vous disent qu’un tel jour ne viendra jamais : il viendra, si vous le voulez ; il viendra, et l’on s’étonnera alors qu’on ait jamais pu en douter.
    « Il viendra, le jour de la justice, et à sa venue tous le salueront et diront : Comment avons-nous pu demeurer si longtemps dans la nuit ?
    « Déjà paraît l’aurore ; déjà ses premiers rayons commencent à percer les ténèbres : courage, amis, le grand jour est proche. »
    Mais de nouveaux massacres allaient avoir lieu en Belgique, quelques jours après. Les 9, 10 et 11 avril, ce fut le massacre de Seraing (établissements Cockerill) ; la semaine suivante, le massacre du Borinage, à Frameries. Eugène Hins, que le Conseil général belge avait envoyé à Seraing d’abord, puis dans le Borinage, « pour tâcher de calmer l’effervescence des ouvriers et leur faire comprendre l’inutilité de l’émeute » (Correspondance de De Paepe dans l’Égalité), fut arrêté ; des perquisitions furent pratiquées chez les membres du Conseil général belge. Pour les incidents qui suivirent (en particulier la mort et les funérailles de Jeanne Brismée, 17-19 mai), voir L’Internationale, Documents et Souvenirs, tome Ier, pages 149-158-161.