Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/63

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terme fatal qui est au bout de cette anarchie : la Révolution sociale. Certes, l’émancipation du prolétariat pourrait s’effectuer sans secousses, si la bourgeoisie voulait faire sa nuit du 4 août, renoncer à ses privilèges, aux droits d’aubaine du capital sur le travail ; mais l’égoïsme et l’aveuglement bourgeois sont tellement invétérés, qu’il faut être optimiste quand même pour espérer voir la solution du problème social d’une commune entente entre les privilégiés et les déshérités ; c’est donc bien plutôt des excès même de l’anarchie actuelle que sortira le nouvel ordre social.

Lorsque les grèves s’étendent, se communiquent de proche en proche, c’est qu’elles sont bien près de devenir une grève générale ; et une grève générale, avec les idées d’affranchissement qui règnent aujourd’hui dans le prolétariat, ne peut aboutir qu’à un grand cataclysme qui ferait faire peau neuve à la société. Nous n’en sommes pas encore là, sans doute, mais tout nous y conduit. Seulement, il faut que le peuple soit prêt, qu’il ne se laisse plus escamoter par les parleurs et les rêveurs, comme en 48, et pour cela il faut qu’il soit organisé fortement et sérieusement.

Mais les grèves ne se suivent-elles pas si rapidement, qu’il est à craindre que le cataclysme n’arrive avant l’organisation suffisante du prolétariat ? Nous ne le croyons pas, car d’abord les grèves indiquent déjà une certaine force collective, une certaine entente chez les ouvriers ; ensuite, chaque grève