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VI

Le mouvement international des travailleurs.



S’il est un fait qui frappe aujourd’hui l’esprit des conservateurs les plus récalcitrants, c’est le mouvement toujours plus général et toujours plus imposant des masses ouvrières, non seulement en Europe, mais en Amérique aussi. Que les hommes d’État et les politiciens aristocrates ou bourgeois de tous les pays s’en inquiètent, nous en avons la preuve dans tous les discours qu’ils prononcent ; ils ne laissent plus échapper aucune occasion d’exprimer leurs sympathies si profondes et surtout si sincères pour cette masse si nombreuse et si intéressante des travailleurs, qui, après avoir servi pendant tous les siècles de piédestal passif et muet à toutes les ambitions et à toutes les politiques du monde, s’est enfin fatiguée de jouer un rôle aussi peu lucratif que peu digne, et annonce aujourd’hui son ferme vouloir de ne plus vivre et de ne plus travailler que pour elle-même.

Il faut en effet être doué d’une grande dose de stupidité, il faut être aveugle et sourd pour ne point reconnaître l’importance de ce mouvement. Et quiconque a conservé en lui-même une étincelle de vie et de sens doit reconnaître avec nous qu’il n’est qu’un seul mouvement aujourd’hui qui ne soit pas