Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/81

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seulement autrichien, car il représente la cause des travailleurs du monde entier.

C’est en Autriche surtout qu’on sent, qu’on voit et qu’on touche pour ainsi dire du doigt cette vérité incontestable, que la puissance de la vie s’est retirée aujourd’hui de la classe bourgeoise, comme jadis elle s’était retirée de la classe nobiliaire, que la bourgeoisie est un corps intellectuellement et physiologiquement mort ou prêt à mourir, et que tout l’avenir, j’allais dire le présent, appartient aux seuls ouvriers. Tandis que les bourgeois libéraux et démocrates s’épuisent en efforts impuissants pour constituer quelque chose qui ressemble à un parti, celui de la démocratie socialiste, composé principalement sinon uniquement d’ouvriers, s’étendant sur toutes les provinces de l’Autriche, et réunissant dans son sein, par l’effet d’une attraction naturelle, les hommes des nationalités les plus différentes, compte déjà bien au delà de cent mille adhérents. Et il ne s’est formé que depuis un an à peine. N’est-ce pas un résultat immense ?

C’est que, parmi les ouvriers de l’Europe, il n’en est point de mieux placés, peut-être, pour inaugurer largement la politique sociale de l’avenir, que les ouvriers autrichiens. Les ouvriers des autres pays doivent encore lutter plus ou moins contre les étreintes malsaines, contre les préjugés étouffants du sentiment national ou du patriotisme. Le patriotisme autrichien est un non-sens, qui n’a été inventé que pour servir de masque à la bureaucratie et à