Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/101

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rions pas contre leur droit d’exister. Mais nous protestons contre eux parce que, tout en étant sans doute des institutions privées dans ce sens qu’elles n’existent en effet que pour l’intérêt particulier des classes privilégiées, elles ne se servent pas moins de la force collective des masses organisées dans ce but, pour s’imposer |133 autoritairement, officiellement, violemment aux masses. Si l’Internationale pouvait s’organiser en État, nous en deviendrions, nous ses partisans convaincus et passionnés, les ennemis les plus acharnés.

Mais c’est que précisément elle ne peut pas s’organiser en État ; elle ne le peut pas, d’abord, parce que, comme son nom l’indique assez, elle abolit toutes les frontières ; et il n’est point d’État sans frontières, la réalisation de l’État universel, rêvé par les peuples conquérants et par les plus grands despotes du monde, s’étant historiquement démontrée impossible. Qui dit État, dit donc nécessairement plusieurs États, — oppresseurs et exploiteurs au dedans, conquérants ou du moins réciproquement hostiles au dehors, — dit négation de l’humanité. L’État universel, ou bien l’État populaire dont parlent les communistes allemands, ne peut donc signifier qu’une chose : l’abolition de l’État.

L’Association Internationale des Travailleurs n’aurait point de sens si elle ne tendait pas invinciblement à l’abolition de l’État. Elle n’organise les masses populaires qu’en vue de cette destruction. Et comment les organise-t-elle ? Non de haut en