Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/148

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par-dessus les Alpes pour les aider. L’Internationale croit à la liberté, et combat l’autorité de quelque nom qu’elle s’appelle, sous quelque forme qu’elle s’enveloppe ; elle croit à la fraternité, et elle inculque à ses prosélytes la destruction des frontières. Qu’est-ce donc que la nation, sinon le despotisme et la guerre ? Pourquoi aurions-nous le percepteur et le gendarme, si nous n’avions pas à Rome un gouvernement, qui, républicain ou monarchique, concentre dans ses mains la puissance et la volonté des multitudes ; pourquoi aurions-nous une armée de douaniers et de soldats, si les Alpes ne mettaient pas une barrière entre des hommes destinés à s’aider réciproquement et à s’aimer ? Peut-on s’imaginer une nation sans une capitale qui s’impose aux villes et aux communes, sans un gouvernement autoritaire qui s’impose aux individus et aux groupes, sans une frontière qui enlève au travail des millions de bras pour en faire un obstacle aux échanges et d’épouvantables instruments de ruine et de carnage ? Est-il possible de concilier l’idée de nation avec celle de fraternité et de liberté ?

L’Internationale, dit Mazzini, substitue à la nation la commune, la commune indépendante appelée à se gouverner elle-même. Non, non ; l’Internationale substitue à la nation quelque chose de plus rationnel, quelque chose de plus important que la commune : l’individu, qui s’unissant librement à d’autres individus, constitue la commune, pour