Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/21

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gnés par le terme générique d’ouvriers du bâtiment.

« Les ouvriers de la Fabrique sont presque tous citoyens genevois et domiciliés à Genève d’une façon stable ; leur salaire est à peu près double de celui des ouvriers du bâtiment ; ils ont plus d’instruction que ces derniers ; ils exercent des droits politiques, et sont en conséquence traités avec beaucoup de ménagements par les chefs de parti bourgeois ; en un mot, ils forment une sorte d’aristocratie ouvrière. Les ouvriers du Bâtiment, par contre, sont généralement des étrangers, Français, Savoisiens, Italiens, Allemands, et forment une population flottante qui change continuellement ; leur salaire est minime et leur travail beaucoup plus fatigant que celui des horlogers ; ils n’ont guère de loisirs à donner à leur instruction ; et, en leur qualité d’étrangers, ils n’exercent aucun droit politique, en sorte qu’ils sont exempts du patriotisme étroit et vaniteux qui caractérise trop souvent l’ouvrier genevois proprement dit ; en un mot, les ouvriers du bâtiment forment le véritable prolétariat de Genève.

« Les ouvriers des corps de métiers du bâtiment avaient été les premiers à adhérer à l’Internationale (en 1866 et 1867), tandis que ceux de la Fabrique, bien que déjà groupés dans des sociétés professionnelles, se tenaient pour la plupart encore dans une prudente expectative ou dans une dédaigneuse indifférence ; quelques-uns même se montrèrent absolument hostiles. » (Mémoire, pages 22-23.)

« Nous avons indiqué les tendances radicalement opposées des deux grands groupes ouvriers genevois : la Fabrique, formée entièrement de patriotes genevois aux tendances bourgeoises et étroites ; et le Bâtiment,