Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/418

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n’était point aveugle du tout, il voyait au contraire parfaitement clair. Ne voulant qu’une révolution politique, non point la destruction de l’État, mais son remplacement par une autre domination ou un autre État, il a mille raisons pour ne pas vouloir la révolution des paysans, puisque cette révolution ne peut être que sociale, comme l’ont prouvé les soulèvements récents contre la loi du macinato. Mazzini le sait, et c’est pour cela qu’il s’adressait exclusivement au prolétariat des villes, qu’il espère « embourgeoiser », tandis qu’ « embourgeoiser » les paysans lui paraissait impossible. Maintenant, il semble espérer pouvoir agir sur les paysans aussi, non pas directement, mais au moyen des associations des villes, qui lui seront dévouées. Étrange illusion !) Appliquez-vous à créer en plus grand nombre des sociétés coopératives et de consommation. (Il a été prouvé par la science économique, et par de nombreuses expériences faites depuis 1848 en France, en Angleterre, en Belgique, en Allemagne, en Suisse, et dernièrement en Italie et en Espagne, que les sociétés de consommation organisées sur une petite échelle peuvent bien apporter une légère amélioration à la situation si pénible des ouvriers ; mais aussitôt qu’elles se développent, et qu’elles réussissent à faire diminuer le prix des denrées de première nécessité d’une manière sensible et constante, il en résulte nécessairement et toujours une baisse des salaires. Ce fait généralement constaté s’explique d’ailleurs facilement. La masse des ou-