Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/48

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s’accrocher à quelque chose de réel, de vivant, pour se donner une raison d’être quelconque. Rejetés par la réaction dans le parti du peuple, ils voudraient s’emparer de sa direction, et ils le paralysent, faussent et empêchent son développement, sans lui apporter en retour l’ombre d’une puissance matérielle ni même d’une idée féconde.

Les démocrates socialistes de l’Allemagne en ont bien fait l’expérience. Que n’ont-ils pas fait depuis 1867 pour contracter une alliance patriotique, pangermanique, offensive et défensive, avec le fameux parti démocratique, républicain, radical et foncièrement bourgeois qui s’appelait le Parti du peuple (Volkspartei), l’un des créateurs et des soutiens principaux de la non moins fameuse Ligue de la Paix et de la Liberté, — parti qui, s’étant formé dans le midi de l’Allemagne, en opposition à la politique prusso-germanique de Bismarck, avait son centre principal dans la capitale de ces bons Souabes, à Stuttgart. Ne comprenant pas que ce parti n’était rien qu’un fantôme impuissant, les démocrates socialistes de l’Allemagne lui ont fait toutes les concessions possibles et même impossibles, ils s’étaient réellement châtrés pour se mettre |83 à son niveau et pour se rendre capables de rester alliés avec lui. Nous voyons maintenant combien toutes ces concessions étaient inutile et nuisibles : le Parti du peuple, dissipé comme une vaine fumée par les triomphes et la brutalité prusso-germanique de l’empereur Guillaume, n’existe plus, et le Parti de