Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/99

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tour et capable de renverser la domination de l’État et des classes privilégiées, uniquement représentées par l’État, l’Internationale dut s’organiser. Pour atteindre ce but, elle emploie seulement deux moyens, qui, alors même qu’ils ne seraient |131 point toujours légaux, — la légalité n’étant la plupart du temps, dans tous les pays, autre chose que la consécration juridique du privilège, c’est-à-dire de l’injustice, — sont, au point de vue du droit humain, aussi légitimes l’un que l’autre. Ces deux moyens, nous l’avons dit, c’est d’abord la propagande de ses idées ; c’est ensuite l’organisation de l’action naturelle de ses membres sur les masses.

À quiconque prétendrait qu’une action ainsi organisée est encore un attentat à la liberté des masses, une tentative de créer une nouvelle puissance autoritaire, nous répondons qu’il n’est ou bien qu’un sophiste ou bien qu’un sot. Tant pis pour ceux qui ignorent la loi naturelle et sociale de la solidarité humaine, au point de s’imaginer que l’indépendance mutuelle absolue des individus et des masses soit une chose possible, ou même désirable. La désirer, c’est vouloir l’anéantissement même de la société, car toute la vie sociale n’est autre chose que cette dépendance mutuelle incessante des individus et des masses. Tous les individus, même les plus intelligents, les plus forts, et surtout les intelligents et les forts, sont, à chaque instant de leur vie, à la fois les producteurs et les produits des volontés et de l’action des masses. La liberté même