Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/13

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cela, tout ce que dit Herzen sur Bakounine est confirmé par différents documents et par les lettres qui suivent. Si nous voulions donner une plus ample caractéristique de Bakounine, nous ne pourrions mieux faire que de reproduire cet article de Herzen, mais nous avons en vue d’élucider surtout son action politique. Nous ne nous y arrêterons donc que pour examiner les traits psychologiques essentiels de Bakounine et qui déterminèrent son activité, nous bornant à indiquer leur genèse, dans la mesure qui ressort de sa biographie.

D’après les données que nous possédons sur Bakounine, nous nous le représentons ainsi : un tempérament d’une grande activité et d’une énergie toujours en éveil ; un beau talent d’orateur et la facilité d’attirer les gens, de les entraîner, bien qu’éphémèrement[1] ; un esprit logique, apte à juger promptement, mais manquant d’indépendance ; privé du génie d’invention et d’observation ; plutôt capable de s’assimiler les idées d’autrui, en les poussant à l’extrême, qu’à en engendrer d’originales. Peu enclin, dans ses appréciations, à examiner les différents côtés de son sujet, il se laissait facilement entraîner et devenait exclusif ; il envisageait les choses subjectivement[2], était porté

  1. Il finissait presque toujours par se brouiller avec ses amis intimes.
  2. Cependant, dans ses relations personnelles, il était, au dire de ses amis, un observateur très fin, et les critiques qu’il se plaisait à faire, ne manquaient pas de pénétration. On le voit, d’ailleurs, d’après ses lettres. Mais dès qu’il touchait aux questions sociales, ainsi que le démontre sa correspondance, il ne pouvait plus voir les choses telles qu’elles étaient en réalité ;