Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/14

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vers l’exagération. Enfin, il se laissait facilement inspirer par autrui et subissait surtout l’influence d’un tempérament énergique. En politique, cette faculté lui assignait plutôt le rôle de partisan que celui de chef. L’éducation qu’il avait reçue dans sa jeunesse contribua encore bien plus à accentuer ses côtés faibles qu’à développer ses facultés et à les mettre en équilibre. Il suffit de rappeler que Bakounine s’était voué d’abord à la carrière des armes, mais que bientôt il suspendit son épée au croc pour se préparer au professorat en philosophie et finit par devenir un agitateur politique. Cette dernière « spécialité » à laquelle il se voua définitivement, ne se basait nullement sur des études sérieuses d’histoire ou de politique.

Dans un de ses derniers ouvrages, « L’Empire knouto-germanique et la Révolution Sociale » (Genève, 1871) il pèche évidemment contre les notions les plus vulgaires de l’histoire, et, au déclin de sa vie, il « étudiait » encore l’ouvrage si élémentaire, la « Kulturgeschichte der Menschheit » de Kolb.


Michel Alexandrovitch Bakounine naquit en 1814,

Sa famille appartenait à la noblesse ; elle demeurait dans son domaine de Priamoukhino, district de

    il se les représentait telles que lui-même aurait désiré les voir se passer, conformément à la conception qu’il s’en faisait, surtout schématiquement et sans leur prêter de forme concrète. Cette qualité est généralement inhérente au tempérament russe ; ainsi s’explique cette prétention à un esprit réaliste et à une activité cérébrale saine, souvent observée chez les Russes, qui, pour cela même, se plongent volontiers dans l’abstraction, le schématisme, l’illusion, et jusque dans le mysticisme.