Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/193

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qui a violé une chatte, etc. » Je n’approuve nullement ce que Alexandre a dit de toi et je sais aussi ce qu’on lui a répondu. J’approuve encore moins les paroles qu’il t’avait adressées personnellement ; jusqu’ici personne, excepté Ogareff et moi, ne t’a parlé franchement. Pourquoi voudrais-tu qu’un jeune homme de vingt-quatre ans se permît de prendre la parole contre toi ?[1]

Votre dispute au sujet de qui de vous est le légitime « chargé d’affaires » de la Terre et Liberté, est au plus haut point comique. Qu’un jeune homme soit flatté de représenter un cercle à peine formé de jeunes militants, cela se comprend. Mais ce que je ne conçois pas du tout, c’est que tu ne sois pas, toi aussi, fâché de recevoir cette onction des bords de la Neva lorsque tu l’as déjà reçue de la forteresse et de la Sibérie. Tu n’as donc pas voulu toi-même prêter foi à tes propres paroles, qu’en Russie, les popes, les généraux, les femmes, les masses populaires, les oiseaux et les abeilles elles-mêmes, tous s’organisent en une puissante corporation, etc.

Ce colossal « canard » dans ton discours me conduit directement de ta querelle avec Alexandre au fond même de cette affaire. Parlons-en fermement, franchement et succinctement.

En lisant ton volume, surtout la première partie, je fus effrayé, non de tes accusations contre Alexandre, mais de la futilité, de l’inutilité, du mirage de tous ces pourparders, de ces rapprochements, ces éloignements, ces explications. Les portraits de Quanten et de sa femme, par exemple, que tu as

  1. Sur une autre copie de cette lettre. AI. AL. a mis de sa main : « Mais, simplement, parce que j’aime dire la vérité à tout le monde. » (Drag.)