Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/205

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tersbourg et les raskolniks d’Arkhangelsk ? Je leur ai écrit une fois d’ici, mais je n’ai pas obtenu de réponse. Que pensez-vous de la situation générale des affaires en Europe, en Russie et en Pologne ? Vous attendez-vous à une guerre ? Je vais vous faire connaître les bruits qui courent ici.

Tous les Polonais s’attendent à une nouvelle reprise de l’insurrection vers la fin de ce mois et je ne m’en doute pas qu’il n’y ait une recrudescence de ce mouvement fiévreux ; mais ce paroxysme, aura-t-il une issue fatale ou bien rendra-t-il l’organisme à la vie, c’est là la question. Les Polonais croient à une insurrection générale des paysans. S’il en était ainsi, leur cause aurait encore la chance d’être gagnée. Je tiens pour positif que chaque jour augmente le nombre, non seulement d’officiers, mais encore de sous-officiers qui désertent l’armée russe pour se rendre dans le camp polonais. Le commissaire plénipotentiaire du Gouvernement National que j’ai rencontré dernièrement, m’a affirmé qu’actuellement, l’insurrection polonaise est principalement soutenue par les officiers, les sous-officiers et les soldats russes, qui se battent comme de véritables lions. Ce premier commissaire, au pouvoir duquel tous les autres sont subordonnés, a, paraît-il, l’intention de supplanter Czarstoryski.

Kalinka est déjà démissionnaire ; il semble que l’on s’est enfin décidé à donner à cette insurrection un caractère révolutionnaire bien marqué ; on cherche à s’allier avec le parti italien et avec les Magyars. Le général de ces derniers, Klapka, a reçu du gouvernement italien environ cent cinquante mille francs pour la propagande révolutionnaire chez les Hongrois et surtout dans le milieu militaire, parmi les troupes hongroises. Avec tout cela on ne perd pas foi en Na-