Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/206

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poléon, et c’est de lui qu’on attend le salut. Aussi, son influence se fait-elle sentir dans la propagande auprès des Slaves méridionaux et chez les Magyars. Le gouvernement italien ne présente autre chose qu’une assemblée de laquais. Savez-vous que notre ami Karl Vogt, qui est l’inséparable de Klapka, conspire avec celui-ci du matin au soir et prend une part très active à toutes ces manœuvres Napoléono-piémonto-magyares, espérant les rallier, grâce à ses relations en Allemagne, aux projets révolutionnaires des Allemands. Il paraît que Karl Vogt a une foi absolue et inébranlable en l’étoile de Napoléon. C’est un révolutionnaire-diplomate, un bourgeois-démocrate ; mais il est loin d’être l’homme du peuple. D’ailleurs, je n’ai pas à m’en plaindre ; il a été très aimable avec moi lors de ma visite chez lui, m’a beaucoup parlé de toi, Herzen, et comme il me sembla, avec un véritable intérêt et une réelle admiration pour toi.

Pulski et sa femme, que je vois assez souvent, ne partagent nullement les rêves magyars de Vogt et de son ami, le général. Ils nient toute possibilité d’une insurrection indépendante en Hongrie, mais ils ajoutent que si l’Italie se soulève sérieusement, alors la Hongrie s’insurgera immanquablement. Il est certain que le parti d’action en Italie fait ses préparatifs, suivant les ordres qu’il a reçus de Londres et de Caprera[1] qui, à présent, sont réconciliés et agissent de concert. Une tentative d’insurrection se fera, semble-t-il, dans la province de Venise, à la fin du mois de mars ou au commencement du mois d’avril ; dès qu’elle aura éclaté, l’agitation se produira dans

  1. Mazzini et Garibaldi (Drag.).