Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/207

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toute l’Italie er alors, Garibaldi fera appel aux Italiens pour prendre les armes. On espère pouvoir, de cette manière, entraîner le gouvernement et l’armée dans une guerre contre l’Autriche.

D’autre part le gouvernement italien a rempli Livorno, Gênes et l’île de Sainte-Madeleine de ses mouchards. Des hommes sérieux affirment que, non seulement le parti piémontais, qui est très fort dans la haute bureaucratie, dans l’armée et jusqu’au ministère et que le roi lui-même, sont prêts à sacrifier la grande Italie unifiée : qu’ils le feront même avec bonheur, convaincus que le principe monarchique ne saurait suffire à cette Italie unifiée et que si Rome parvenait à s’émanciper, ce ne serait pas pour accepter un régime monarchique, mais bien pour se constituer en république ; que ces gens-là abdiqueraient volontiers, et Sicile, et Naples, et Rome, et même plusieurs duchés, pour posséder entièrement la Lombardie et la Venise avec le fameux quadrilatère ; que pour atteindre ce but et être à même d’abandonner l’Italie méridionale et une partie de l’Italie moyenne, sans en essuyer la honte ni s’exposer à un danger, ils sont prêts à commencer cette guerre absurde contre l’Autriche avec les troupes seules, sans le concours du peuple, et provoquer ainsi un second Novare.

Cependant, à Venise, les Autrichiens font des préparatifs formidables, et de son côté, le gouvernement italien s’arme jusqu’aux dents. Vous voyez donc, qu’ici, comme dans toute l’Europe, c’est un imbroglio épouvantable ; il n’y a pas une seule question qui soit posée nettement, clairement. Partout on trouve des réclamations légitimes et un mouvement, auxquels se mêle le poison napoléonien.