Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/21

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(Bakounine) qui a empoché l’atout. Je regrette infiniment d’avoir nourri ce reptile. Sa conduite envers Botkine a été si vile qu’on ne trouve pas de mots pour la qualifier ; je pense qu’il serait bon, non seulement de nous éloigner complétement de lui, mais de lui refuser tout net notre appui dans l’avenir. C’est un homme auquel il me répugne de donner la main. Tu as agi très sagement en ne l’admettant pas dans ton intimité. On en a le cœur gros, mais qu’y faire, mon ami ? Il faut avouer que notre séjour à Moscou ne nous procura pas de connaissances bien agréables : deux hommes d’esprit, dont l’un est un petit garçon, et l’autre un coquin ; voilà tout ce que nous y avons rencontré. »

Le premier de ces deux titres désobligeants se rapporte à Katkoff et le second à Bakounine.

Quant à Herzen, il inscrit sur son carnet en 1843, peu après la publication de l’article de Bakounine : « Du talent, mais caractère détestable et mauvais sujet ».

Le 4 octobre 1840, Biélinski écrivit à Botkine, à propos du départ de Bakounine pour l’étranger :

« Cependant Herzen, cet « esprit spéculatif »[1] affirme qu’on peut estimer Bakounine à cause de son intelligence, mais qu’il est impossible de l’aimer, ce que d’ailleurs on peut voir aussi d’après les lettres de ses amis de Moscou, qui ne lui portent qu’une médiocre estime ».

Toutefois ces malentendus entre Bakounine et Biélinski, Botkine et Katkoff, le mécontentement gé-

  1. Bakounine avait défini ainsi Herzen. (Trad.)