Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

néral que provoqua contre lui Bakounine, dans certains cercles littéraires de Pétersbourg et de Moscou, ne pouvaient ne laisser de trace et ne pas influencer ses relations avec ses amis. Et en effet, il quitta Pétersbourg pour ne plus rentrer en Russie qu’en 1851, lorsque, extradé par l’Autriche, il fut directement écroué dans la citadelle des saints Pierre-et-Paul. Ses discussions avec les littérateurs russes, dont plusieurs exerçaient encore leur action en 1860, laissèrent indubitablement des traces profondes dans son âme. Cela résulte déjà des appréciations sévères qu’il fait de certains hommes, dans ses lettres écrites d’Irkoutsk à Herzen.

Le 11/23 octobre 1840, Bakounine écrivit à Herzen, de Berlin. D’après cette lettre, on peut voir que Bakounine s’intéressait déjà à la situation politique de l’Allemagne. Toutefois, et durant quelque temps encore, il n’abandonna pas la sphère des intérêts philosophiques et abstraits, soutenus dans les « Droits » de Hegel.

Nous trouvons dans les souvenirs du baron Bernhard Uexküll de Fickel, originaire des provinces Baltiques et camarade de Bakounine, des renseignements sur les premières années de son séjour à l’étranger.

Dans ses Souvenirs de Tourguéneff, publiés par la Revue Baltique, le baron Bernhard écrivit :

« Durant l’hiver de 1839-1840, j’allais au cours de logique du professeur Werder, à Berlin. Ce cours n’était pas très fréquenté et je remarquai bientôt deux jeunes gens qui parlaient russe, avec lesquels je ne tardai pas à faire connaissance. C’étaient Ivan