Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/256

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pour les deux nations. Vous devez donc concentrer tous vos efforts sur ce point sans, toutefois, froisser les Polonais dans leurs droits sacrés, ni dans leur dignité nationale. Faites votre possible pour les persuader d’attendre, tant que les circonstances le permettront, mais pourtant ne perdez pas de temps ; faites une propagande active, organisez-vous, afin de vous tenir tout prêts quand le moment critique arrivera. Lorsque, à bout de patience, nos malheureux frères polonais se seront levés, vous vous lèverez aussi, non pour les combattre, mais pour marcher avec eux ; vous vous lèverez au nom de l’honneur de la Russie, au nom de votre devoir de Slaves, au nom de la cause nationale russe et au cri de : vive la Terre et la Liberté ! Dussiez-vous succomber dans cette lutte, en mourant, vous servirez, la cause commune. Et Dieu sait ! Peut-être, contrairement à toute prévision votre héroïsme sera-t-il couronné de succès…

Quel que soit le sort qui vous soit réservé, j’espère qu’il me sera donné de le partager.

Adieu et peut-être au revoir et à bientôt.


M. B.


Nota. — Ne voulant pas avouer son erreur d’autrefois qui consistait principalement dans l’abandon du programme fédéral, lorsque « l’intégrité de l’empire de toutes les Russies » était sacrifiée à « l’intégrité » de la Pologne historique et non démocratique, c’est-à-dire au royaume polonais de 1772, Bakounine se déclara avec d’autant plus de violence contre « l’intégrité de l’empire de toutes les Russies. » Enfin, passant du fédéralisme à l’anarchie et même à l’amorphisme, il commence à prêcher la destruction complète de la Russie elle-même (Drag.).