Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/27

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pour l’auteur, eut beaucoup de succès dans les cercles littéraires et philosophiques de la jeunesse russe, chez laquelle le contact de conservateurs hégéliens, tels que Biélinski, et de socialistes, tels que Herzen, amena à la création de la « gauche de Hegel. »

À cette époque Herzen mentionne dans son carnet :

« 1843, 7 janvier. — Les « Deutsche Jahrbücher » (Les Annales allemandes) sont interdites en Saxe. Nous n’avons pas à nous en affliger, car les éditeurs de ce journal, pleins d’énergie, ne vont pas rester les bras croisés. Et de même qu’ils émigrèrent de Halle à Leipzig, de même, ils se rendront aussi facilement à Zurich, à Genève et même en Belgique[1]. Dans un des derniers numéros du journal a été publié l’article de Jules Élizard sur l’esprit actuel de réaction en Allemagne. C’est un chef-d’œuvre. Son auteur est le premier de tous les Français que j’aie rencontrés qui comprît si bien Hegel et la conception allemande. C’est un cri jeté bien haut par le parti démocratique, plein de vigueur, confiant dans les sympathies des générations présentes et à venir, conscient de sa victoire prochaine. Il étend la main vers les conservateurs, comme aux détenteurs du pouvoir, en leur dévoilant avec une étonnante clarté le sens de l’anachronisme de leurs efforts et les met au ban de l’humanité. De A à Z, l’article est entièrement remarquable. Si les Français pensent entreprendre la généralisation et la vulgarisation de la science allemande, bien entendu après qu’ils l’auront comprise, la grande

  1. En effet, Ruge édita plus tard avec Karl Marx, à Paris, « Les Annales allemandes — françaises ».