Page:Bakounine - Lettres à Herzen et Ogarev, trad. Stromberg, Perrin, 1896.djvu/270

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je voudrais y mettre cette restriction seulement, que vous conviendrez que tout ce que nous ajouterons à l’actif de son honnêteté sera au détriment de son intelligence.


M. Bakounine.


Nota. — Les articles sur la question polonaise que Bakounine avait promis de donner à la Cloche, n’ont jamais paru.

Pour rendre compréhensibles les lettres précédentes de Herzen et de Bakounine, il est nécessaire de rappeler que, indépendamment de l’apaisement de la Pologne à l’aide de mesures policières et de la force armée, il y avait dans la politique du gouvernement russe envers ce pays subjugué deux intentions différentes : 1° L’affaiblissement de l’aristocratie et du clergé catholique, apostolique et romain, au moyen des mesures agraires et démocratiques et par la fermeture des couvents catholiques, etc., sans froisser le sentiment national polonais, et 2° la russification du pays dans le sens de l’orthodoxie et de la réaction. De ces deux courants, le premier prédominait sous la direction de N. Milutine, avec le concours de Samarine, en 1864-1868, le deuxième fut prépondérant depuis 1866, lorsque le comte Dmitri Tolstoï fut nommé ministre de l’Instruction publique. Évidemment, Herzen était sympathique au premier courant, dans lequel il voyait quelque rapport avec ses points de vue dans sa conception démocratique du slavisme. Quant à Bakounine, après son voyage à Stockholm, il renia absolument tout ce qui émanait du gouvernement de « l’empire de toutes les Russies ». M. N. Mouravieff, qui était contraire à l’émancipation des serfs, même en Russie, et qui, en Pologne, agit, dès le début, en policier pacificateur du pays insurgé, se rallia, plus tard, à la politique agraire de Milutine, son adversaire d’autrefois, dans la question de l’émancipation des serfs. Katkoff était un partisan chaleureux de Mouravieff, mais il restait froid à propos des mesures préconisées par Milutine et en opposition avec ses tendances aristocratiques. Iv. Aksakoff soutint d’abord la politique de Milutine, mais son entraînement pour l’orthodoxie russe, l’engagea peu à peu, du côté des « russificateurs » de la Pologne.

Il est intéressant de noter que Tourguéneff, que Bakounine, dans une de ses lettres, met au même rang avec Katkoff et